[RPG]Recherche un avenir à Paris.

Il était parti, déguerpissant à la manière d'un lâche chevalier, d'un lapin terrifié, d'une proie pourchassée. Le criminel viril qu'il avait prétendu être sous son attitude costaude n'était que mascarade, et inévitablement seule, Henriette put retrouver ses esprits. Entendre résonner encore et encore dans sa tête le sifflement de la balle, les pas s'enchaînant maladroitement pour fuir, les halètements du bandit qui, dans sa course ne sentait même plus la morsure à sa paume. Puis, silence le temps de quelques instants, avec en unique écho ses pulsations de coeur. La duchesse comme absorbée dans son état de choc, incapable de définir le temps, et ses limites. Comment la famille royale aussi digne qu'elle était pusse-t-elle mériter une telle souille? Cela était inconcevable pour la dame qui était au bord de la défaillance. Alors que tous ses jupons s'étaient redressés jusqu'à ses genoux, et que ses jambes presque dénudées dépassaient des brindilles, que sa chevelure désordonnée se décoiffait au gré du vent, que sur ses joues s'empruntaient des couleurs rouges de honte, qu'elle était si peu présentable, voilà qu'arrivait son héros. Il en avait du moins toute la carrure, au vue de l'arme qu'il rangeait et de sa main tendue. Sa voix sonna comme un chant religieux. Pur, merveilleux, réconfortant dans cette minute de frayeur.

Grâce à vous, je puis l'affirmer. Que Dieu vous protège. Par miracle, vous êtes arrivés au parfait instant., s'enquit-elle de rétorquer, en battant des cils.

Arrangeant sa robe et sa dentelle pour couvrir sa peau à découvert, elle saisit d'une poigne douce, quoiqu'utile, les doigts que l'inconnu lui présentait. Le visage de cet homme lui était simplement étranger, aussi ne s'attendait-elle guère à recevoir en sauveur un homme de la Cour.  Cela ne l'importait point, et elle balayait cette idée de classement social. Cet homme que Dieu lui avait envoyé était symbole de courage, elle décida donc de se présenter modestement. Mais avant de reprendre la parole, elle se baissait pour amasser ses quelques rubans.

Veuillez excuser mon état si peu correct, j'eus si peur de voir le pire se produire. Appelez-moi Henriette, mon brave., l'intimait-elle en se redressant d'une traite.

Elle reprenait peu à peu son physique de première dame, son teint pâlissant, son souffle se calmant, et son corps se recouvrant de toute sorte de tissus. De nouveau présentable, elle fixait intensément le bienfaiteur qui l'eut préservé de toute horreur. Elle attendait de pouvoir mettre un nom à ce visage, et de belles paroles à cette bouche, avant de révéler la valeur de son rang, bien qu'il eut été probable qu'il l'eut déjà reconnu. Ce qui l'intéressait là, c'était de se retrouver. Henriette cherchait son innocence crasseuse, en frictionnant ses bras tiraillés par le froid.